La série Tōkaidō Gojūsan-tsugi confronte, en une série de diptyques, le nouveau monde à l'ancien : aux estampes gravées sur bois du peintre japonais Ando Hiroshige, font face les photographies des mêmes lieux prises un peu moins de deux siècles plus tard, au long de la si fameuse route qui reliait Edo et Kyoto. Le contraste, saisissant, des couleurs vives de l'ukiyo-e et des images contemporaines, désaturées, accroît le sentiment d'une manière d'extraction, d'abstraction, d'arrachement d'une sensibilité à elle-même, de dés-enchantement, au fond, du monde. La disparition des hommes vaquant à leurs humbles tâches redouble, malgré le surgissement de tel chef d'oeuvre de l'art humain, l'impression d'un monde en voie de reminéralisation.